CHRISTIAN CIUCA et l'ENSEMBLE INSTRUMENTAL DE PARIS aux MUSICALES DU CADRE NOIR DE SAUMUR 2012 avec JUANJO MOSALINI et CORNEL PANA.

Publié le par Sophie Landowski

LES MUSICALES DU CADRE NOIR DE SAUMUR 2012.

 

 

J’avance dans la pénombre du Grand Manège des Ecuyers encore désert. Mes pas étouffés par le sol de sable mêlé à de la feutrine ne rompent pas le silence de l’immense salle. Les 1500 places des gradins entourent ma bizarre solitude et je me régale d’arpenter les quelques 85 mètres de long du sol équestre, l’un des plus grands d’Europe, celui du CADRE NOIR DE SAUMUR. Ou plutôt l’un de l’impressionnant ensemble d’écuries, de carrières, de manèges et de bâtiments de l’Ecole Nationale d’Equitation, qui abrite le Cadre Noir inscrit récemment au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

 

L’heure de la cérémonie approche. J’ai tout à l’heure crotté mes bottes dans deux ou trois boxes où l’on donnait la dernière touche aux nattes mauves ou blanches des crinières des chevaux mêlées de rubans … Je ne sais si j’ai eu un penchant pour cet alezan ou pour cette jument baie … Leur majesté est égale.

 

Le public a envahi peu à peu les gradins du Grand Manège dans un discret froissement, si fort est le respect qu’imposent les lieux. Les projecteurs qui guidaient ses pas se sont éteints pour ne laisser qu’un halo sur les musiciens de L’ENSEMBLE INSTRUMENTAL DE PARIS qui a pris place devant la tribune d’honneur. Applaudi par cet imposant public, le chef CHRISTIAN CIUCA entre enfin et suspend le temps. Silence, attente. Comme l’orchestre, les chevaux, leurs écuyères et leurs écuyers cachés derrière le rideau d’entrée, sont à sa main.

 

C’est sur un andante de Tchaikovsky que, un à un, les magnifiques chevaux du Cadre Noir entrent au passage, la plus lente et la plus noble des marches de Haute-Ecole.

L’allegro donne le signal des Airs Relevés et des Sauts d’Ecole. Se succèdent alors les Croupades, ruades démesurées qui redressent le corps du cavalier droit vers l’arrière, Courbettes, majestueux saluts du cheval dressé sur ses arrières, Cabrioles qui projettent le couple homme-animal dans les airs.

 

Le public fasciné par la perfection des figures ne sait où donner du regard tant l’ENSEMBLE INSTRUMENTAL DE PARIS et son chef brillent aussi de virtuosité. D’emblée le sens du spectacle est donné : il s’agit d’une symphonie d’émotions visuelle, auditive et même olfactive car sans le fort parfum de cuir et de crottin, tout semblerait irréel.

 

Les MUSICALES DU CADRE NOIR DE SAUMUR 2012 sont l’occasion d’une première mondiale. Car ici sont réunis avec l’orchestre classique pour la première fois deux musiciens solistes de haut niveau international : le bandonéoniste JUANJO MOSALINI, figure incontournable du tango contemporain et le stupéfiant flûtiste de pan CORNEL PANA.

 

C’est lui qui va s’avancer seul dans la carrière pour charmer tel le dieu Pan l’un des chevaux et son écuyère qui, au son boisé de l’instrument sans âge, si mystérieux dans l’immense espace, vont tenter d’échapper à la tentation par toute une coquetterie d’appuyers et de piaffers pour enfin se laisser approcher sans plus de résistance par l’ensorceleur qui terminera sa mélodie confidentielle dans l’oreille de l’animal … Un grand moment.

 

Mais la complicité entre les musiciens et les chevaux réserve bien d’autres surprises au public.

Le Pas de Trois de l’écuyer et des deux écuyères si extraordinairement identiques dans leur costume noir à boutons et garnitures dorés, coiffés du même fameux chapeau masculin et féminin, se déroulera au son dansant d’une « Corralera », d’une « Milonga » et de la « Milonga para Luis » composée par l’interprète lui-même, JUANJO MOSALINI au bandonéon. Puis les violons s’introduisent discrètement dans le quatuor magique pour entamer une Polka de Strauss. C’est alors que le beau tanguero argentin invite le disciple du dieu Pan à une improvisation à deux, du jamais vu, pour faire cabrioler les 41 chevaux dans une suite enthousiaste mais tellement maîtrisée. Cadre Noir oblige.

 

L’émotion sera à son comble dans une scène inattendue. Le manège est dans la pénombre. L’orchestre se tait. On ne sait comment, JUANJO MOSALINI se retrouve au milieu de la carrière sous un faisceau de lumière, debout, un pied sur une chaise, le bandonéon sur le genou. Un écuyer et sa jument, seuls, virevoltent en larges cercles autour de lui dans le grand espace vide. Va-et-vient de séduction. La jument, irrésistiblement, semble forcer son cavalier à se rapprocher du musicien immobile, à la charmeuse mélodie d’une « Cumparsita » de Rodriguez, d’un « El Cholco » de Villoldo … Mais c’est une improvisation du maître qui aura raison de la demoiselle. Sans plus de résistance, l’écuyer laisse la jument s’approcher jusqu’à poser ses naseaux sur l’instrument qui lui-même vaincu par tant d’hommage, lentement, imperceptiblement, se sera tu. Le tonnerre d’applaudissements ne viendra que lorsque le public se réveillera de l’enchantement de la scène.

 

CHRISTIAN CIUCA lancera avec l’ENSEMBLE INSTRUMENTAL DE PARIS le défilé final de tous les écuyers et écuyères du CADRE NOIR DE SAUMUR pour cette année 2012 sous les applaudissements rythmés des spectateurs aussi conquis par le spectacle que par la musique qui ne font qu’un. Véritable osmose, véritable complicité.

Pourquoi ? Une longue amitié déjà …

 

 

 

Sophie LANDOWSKI

UNIMEDIA Int. New-York-Los Angeles-Paris.

Octobre 2012.

 

 

 

 

Publié dans Spectacle

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